Les élèves
choisis, recevaient un enseignement approfondi embrassant
le droit, la grammaire arabe, la logique, la rhétorique,
la théologie, la littérature, l'histoire du
Prophète, la science des Hadiths et la métrique.
En plus de ces matières, les élèves étaient
initiés à l'exégèse du Coran.
Il était
fait appel à l'esprit critique des élèves,
à la rigueur, et au goût de la recherche. La
particularité de ce cours était qu'il recrutait
dans toutes les couches sociales.
Cette éducation
comportait un volet mystique avec les thèmes suivants
: lecture quotidienne du coran, prière obligatoire
et surérogatoire, méditation spirituelle du
coran et des Hadiths, invocation des beaux noms d'Allah.
Le résultat
de cette action était de faire parvenir le fidèle
à l'état de perfectionnement spirituel (Marifa),
fondement d'une pratique cultuelle saine, source de dépassement
et d'enrichissement moral et spirituel quotidienne, élément
de résistance pour la préservation de l'identité
culturelle face aux entreprises de dépersonnalisation
occidentale.
Cette action a
été continuée sur une grande échelle
et d'une façon magistrale par El Hadji Ibrahima NIASSE.
2.
L'action éducative de El Hadji Ibrahim NIASSE
Né en 1900
à Taïba Niassène, El Hadji Ibrahim NIASE,
formé par son père prit en charge, à
la mort de celui-ci, la partie coranique de son enseignement,
sous l'autorité de son frère Momar Khalifa NIASSE
de 20 ans son aîné. Cet enseignement se faisait
dans les Daras de Taïba ; Kossi et Kaolack.
La qualité
de son enseignement, le caractère novateur de la méthode
pédagogique et la maîtrise des sujets enseignés,
lui valurent un afflux tel que bientôt, la maison familiale,
dirigée par son frère, était devenue
trop étroite pour tous les disciples qui venaient des
quatre coins du Sénégal, de la Mauritanie, du
Niger, du Nigéria et du Ghana.
Il fut ainsi amené
à aller s'installer dans une zone vierge à la
périphérie de Kaolack, qu'il défricha
et baptisa du Nom de Médine, ville du Prophète.
C'est là
que son action s'individualisa et reçu un sceau personnel.
Il choisit parmi les nombreux disciples venus faire acte d'allégeance
à lui et qui se trouvaient pour la plupart être
des Ulémas dans les sciences islamiques mystiques et
littéraires, des maîtres pour diriger et animer
des écoles spécialisées.
L'Ecole
coranique
Un Mauritanien du nom de Mohamed Rabbani, fut chargé
de diriger cette école avec l'assistance de ses deux
enfants Abdallahi et Momahed Mahmoud.
Cette école
a pu inscrire à son actif la remarquable performance
et le mérite d'avoir réussi à former
ses élèves à une prononciation parfaite
de l'Arabe et du Coran, deux points qui ont toujours constitué
le point faible de l'enseignement coranique au Sénégal.
Pratiquement tous
les enfants entraient à l'école coranique, garçons
et filles à l'âge de 5 ans, et en sortaient entre
11 et 14 ans, tous maîtres d'études coraniques,
capables de mémoriser l'ensemble du Coran, dans une
diction parfaite, difficile à reconnaître de
celle d'un élève dont la langue maternelle est
l'Arabe.
L'école
de grammaire arabe, logique et rhétorique
Cette école
était dirigée par Amadou THIAM et recrutait
immédiatement après la mémorisation du
coran.
Maître brillant
et réputé en grammaire arabe, AMADOU THIAM donnait
un enseignement de qualité, qui mettait ses élèves,
plus tard, en position de rivaliser avec les plus brillants
parmi les sortants des universités arabes.
L'école
de législation, jurisprudence et droit islamique
Cette école
avait 2 branches, l'une dirigée par Serigne Alioune
CISSE, Imam de la Mosquée de Médina et l'autre,
par El Hadj Abdoulaye, fils aîné de Cheikh Ibrahima
NIASSE.
L'enseignement
donné était essentiellement axé sur une
connaissance approfondie de la charia islamique dans ses aspects
cultuels (prière, jeun, zakat, pèlerinage) et
juridique, (mariage, divorce, succession, commerce, etc.…)
L'enseignement
de Cheikh Ibrahima NIASSE
Au sommet de la
pyramide, se trouvait Cheikh Ibrahima qui dispensait en quelque
sorte un enseignement de 3ème cycle aux élèves
ayant déjà une maîtrise parfaite du Coran,
des sciences de l'islam et de l'Arabe.
L'enseignement
du Cheikh Ibrahima comprenait : le droit, l'exégèse
du coran, la littérature arabe, la logique et la rhétorique
et la mystique. A la fin du 2ème cycle et à
partir de 1959, les meilleurs avaient la possibilité
d'aller acquérir des diplômes dans les universités
arabes.
L'évolution
de l'action éducative de Cheikh Ibrahima NIASSE
1°)
L'Envoi des étudiants dans les pays arabes
Au vu de l'action
infatigable de Cheikh Ibrahima pour la diffusion et la défense
de l'Islam, les gouvernements des pays arabes lui octroient
des bourses d'étude.
C'est ainsi que
2 groupes d'étudiants partirent en 1960, l'un pour
le Maroc, l'autre pour l'Egypte. Depuis les flux d'étudiants
en direction des pays arabes sont devenus une tradition à
Médina.
2°)
L'ouverture de l'école franco-arabe à la rue
Raffenel
A la même
période, Cheikh Ibrahima NIASSE procède à
l'ouverture de cette école qui lui permit d'étendre
son action éducative à Dakar. Cette école,
qui constitue le premier pas dans le processus de modernisation
de l'enseignement arabe au Sénégal, était
ouverte à tous les Sénégalais sans distinction
de confrérie.
De nombreux cadres
arabophones du pays ont fait leurs premiers pas dans cette
école.
3°)
La création de l'Institut Islamique El Hadji Abdoulaye
NIASSE à Médina -
Kaolack
A partir de 1960,
les structures éducatives mises en place à Médina
par Cheikh Al Islam El Hadji Ibrahima NIASSE depuis les années
30, commencent à subir des mutations pour s'adapter
à l'évolution du monde contemporain. La création
de l'Institut Islamique El Hadji Abdoulaye est venue, à
partir de 1965, concrétiser cette évolution.
Cet Institut comporte
un cycle primaire et secondaire.
Les études
y sont sanctionnées par la délivrance d'un Certificat
d'étude primaire et d'un brevet.
L'obtention de
ces diplômes, reconnus par les Universités arabes,
donne à un nombre sélectionné d'étudiants
la possibilité de poursuivre leurs études dans
les pays arabes.
A partir de 1970,
les premiers convois d'enseignants égyptiens commençaient
à arriver à l'Institut, suite à un accord
entre Cheikh Al Islam et le Gouvernement Egyptien.
Depuis, les contrats
de ces enseignants sont régulièrement renouvelés
et l'enseignement qu'ils dispensent est marqué du sceau
de la qualité et de la modernité.
Actuellement, l'Institut
El Hadji Abdoulaye NIASSE compte 3200 élèves.
Pour autant, les
différentes écoles spécialisées
que Cheikh al Islam avait créées n'ont pas disparu.
Elles apportent un enseignement d'appoint pour les élèves
et offrent à ceux qui n'ont pu faire le cycle normal
la possibilité d'une formation.
Au total, on peut
donc présenter, de façon évidemment non
exhaustive le bilan de l'action éducative de Cheikh
Al Islam, comme suit :